Au moment de la récolte, les feuilles de tabac sont triées selon au moins trois critères : les courtes, particulièrement concentrées en principes actifs et poussant au sommet de la tige, les longues situées dans la partie inférieure de la plante, et les plus fines cultivées à l’abri du soleil [au fond, courtes feuilles de tabac provenant de Saint Domingue].
La fabrication du cigare repose sur l’assemblage de ces différents types de feuilles : les plus courtes, pliées dans le sens de la longueur, forment la tripe. Elles sont roulées en biais à l’intérieur d’un long morceau de feuille, la sous-cape, puis placées dans un moule qui achève de leur donner une forme parfaite. Le tout est ensuite roulé (toujours en biais) dans une feuille particulièrement fine, la cape, dont un petit morceau est rabattu et collé sur un bout du cigare [au centre moule français pour petits modules]. L’autre bout du cigare est alors coupé à la longueur désirée [à droite coupeuse à cigares].
L’Espagne, qui avait financé l’expédition de Christophe Colomb, fut l’un des premiers pays européens à adopter le cigare. On en fabriquait déjà à Séville en 1676, les belles andalouses (comme la Carmen imaginée par Prosper Mérimée puis Georges Bizet) les roulant sur leurs cuisses nues, selon une légende qui a beaucoup fait rêver.
Afin de protéger leurs gants blancs de la tache jaune que pouvait y laisser le tabac, certains fumeurs prirent, dit-on, l’habitude de tenir leur cigare à travers un morceau de tissu. De là seraient nées les premières bagues, étroites bandelettes de papier posées en fin de fabrication. Celles-ci prirent un essor phénoménal en 1854, lorsqu’un fabricant s’avisa du potentiel de ce petit morceau de papier pour individualiser et promouvoir sa marque.
Le développement de la bague de cigare a été de pair avec celui de la lithographie (impression au moyen d’une pierre calcaire très fine permettant une grande finesse de dessin, la présence de relief, et des couleurs vives). Flore et faune, scènes évoquant l’origine du tabac, évènements remarquables, messages politiques et autres ont donné lieu à des bagues de cigares recherchées par de fervents collectionneurs, les vitolphiles. Après la Première guerre mondiale, le déclin de la lithographie — remplacée par l’imprimerie offset — a correspondu au déclin de la bague de cigare. Avec la production de masse, la bandelette de papier est devenue un support publicitaire pour le tourisme ou l’industrie.
Il existe dans le monde plusieurs musées entièrement consacrés aux bagues de cigares •