Le chanvre est la grande plante sacrée du continent indien. En revanche l’alcool est considéré par les Hindous comme une boisson impure. Quiconque en a consommé doit procéder à des ablutions rituelles avant d’entrer dans un temple.
En Inde, la boisson sacramentelle, le bhang, est obtenue en pilant des sommités de chanvre frais avec des épices, puis en diluant la pâte obtenue dans du lait. Depuis des temps immémoriaux, le bhang, consacré au dieu Shiva, est rituellement absorbé par les fidèles, un peu comme le vin de messe, symbolisant le sang du Christ dans le rituel chrétien.
On estime généralement que la coutume de fumer le chanvre (au lieu de le boire) ne s’est répandue en Inde qu’à partir du xvie siècle, sur les traces du tabac, après sa découverte aux Amériques par Christophe Colomb.
Les sâdhus, saints hommes ayant renoncé aux biens matériels ou simples vagabonds vivant de la charité, fument religieusement le chanvre dans des pipes non coudées nommées shiloms, façonnées en terre cuite [groupe de gauche], parfois en bronze ou en fer [groupe central] et, plus récemment, grâce aux techniques modernes, dans le très dur cristal de roche [dernier à droite].
Le fond du foyer est formé par une « pierre » hexagonale [devant à droite] du même matériau que le shilom. Des pierres de tailles différentes, s’enfonçant plus ou moins profondément, délimitent des foyers de volumes différents. L’embout est entouré d’un morceau de tissu mouillé, le safi, qui filtre la fumée [à gauche]. Le shilom est pour les sâdhus un objet de piété symbolisant le monde. Les quatre éléments y sont représentés : l’objet lui-même est en terre ou en métal, le safi contient de l’eau, le fumeur y porte le feu et y aspire l’air •